Convention citoyenne
Philippe San Marco sur
Actions citoyennes



01/07/2011- 5 questions à Philippe San Marco

Réforme des collectivités territoriales



1/ La Convention citoyenne et vous-mêmes êtes depuis longtemps très critiques sur l'organisation actuelle de la métropole. En quoi la jugez-vous critiquable ?
Le politiquement correct, la pauvreté de la réflexion et la lâcheté ambiante permettent depuis des années d'éviter de faire une analyse lucide de la situation et conduisent à aggraver une situation déjà difficile. La pensée dominante est que plus on est grand et gros, plus on serait fort. C'est évidemment faux. C'est ainsi que certains nous avaient asséné que seul le statut de communauté urbaine permettrait à Marseille de faire face à ses défis. Le résultat fut exactement le contraire et le désastre de la situation actuelle en matière de propreté en est l'exemple cruel.
Car les communautés urbaines, contrairement à ce que l'on faisait semblant de croire, n'étaient pas faites pour s'occuper des grands enjeux urbains mais au contraire pour permettre une gestion de proximité là ou l'enchevêtrement des communes entre elles et leur taille respective rendaient impossible à chacune d'elles de s'occuper seule du quotidien (entretien de la voirie, ramassage des ordures ménagères, gestion de l'espace public, etc.).
Or l'histoire et la géographie de Marseille nous faisaient les héritiers d'un système très particulier, unique en France. La ville centre y avait en effet absorbé sa périphérie tout au long du XIXe siècle avec l'intégration de villages comme Château Gombert ou Mazargues, et tant d'autres, qui ailleurs seraient restés des communes de plein exercice. Nous avions donc, non pas du retard en la matière mais de l'avance. Et nous avons aussi deux autres spécificités, qu'on ne retrouve nulle part ailleurs en France :
  1. Nous sommes le seul cas où la ville centre est plus pauvre que sa périphérie
  2. Nous sommes le seul exemple où la ville centre est beaucoup plus peuplée que l'ensemble des communes de sa périphérie réunies.

Ce sont là les raisons qui avaient conduit en 1967 le gouvernement du Général de Gaulle à ne pas imposer à Marseille de s'insérer dans une communauté urbaine, indispensable par contre à Lille, Lyon, Bordeaux, etc., où la situation est rigoureusement inverse. Mais il fallait le Général pour oser regarder la réalité en face et se moquer des turbulences politiciennes locales.
Plus de trente ans après, Marseille n'avait toujours pas besoin de sa périphérie pour être une métropole et certainement pas pour régler ses problèmes de gestion quotidienne. Mais elle avait grand besoin d'une réelle articulation avec Aix, Aubagne et les rives de l'étang de Berre, surtout et en urgence en matière de transports en commun en site propre, seuls à même de lui éviter le tsunami quotidien des véhicules automobiles venant chaque jour saturer son espace viaire et ravager ses espaces publics.
C'est alors qu'on lui a imposé le statut de communauté urbaine qui ne répondait à aucun de ses grands enjeux urbains, mais rendait désormais impossible l'exercice sur son propre territoire d'un pouvoir élu au suffrage universel direct, pourtant seul capable de porter légitimement de grandes ambitions et de prendre les décisions difficiles.
La palinodie de l'élection du président actuel de la communauté urbaine et ses conséquences systémiques désastreuses pour l'administration de Marseille auraient dû ramener certains à plus de lucidité.
Au lieu de cela, les mêmes qui nous ont amené dans une impasse ont trouvé une nouvelle excuse : "C'est la faute à Defferre" lequel, on est prié de ne pas rire, aurait il y a près d'un demi-siècle fait échec au général de Gaulle et dont l'ombre portée expliquerait la paralysie de ses lointains successeurs ainsi auto-installés dans le rôle de victimes innocentes. C'est là en fait l'aveu d'une impuissance conceptuelle et politique. Car ce n'est pas en se mesurant aux grands, encore moins décédés depuis un quart de siècle, qu'on se grandit soi-même. Laissons donc cette pauvre polémique à ceux qui en ont besoin.

2/ Marseille Provence Métropole hésite à se transformer en métropole de plein exercice. Que votera la Convention citoyenne ?
La Convention Citoyenne votera toujours en faveur du renforcement démocratique de l'institution métropolitaine. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Les fausses polémiques guérino-gaudiniennes ne doivent pas nous abuser ou détourner notre attention de l'essentiel.
Par exemple ce nouveau statut de métropole, s'il ne rajoute pas grand-chose aux compétences des communautés urbaines existantes, officialiserait la situation actuelle qui est fondée ici sur l'équation : 800 000 Marseillais = 200 000 non Marseillais. Le nombre des élus représentants les Marseillais ne doit pas, selon le texte de loi, dépasser la moitié des sièges du conseil communautaire. De ce déni de démocratie, personne ne parle, alors que c'est la cause essentielle de l'aggravation voire de la dérive systémique de la gestion quotidienne constatée dans Marseille où plus personne ne sait qui est responsable de quoi. On tranche ainsi les jarrets de la ville centre, sans lui donner les outils lui permettant de faire face aux réels enjeux métropolitains. Ils sont pourtant une urgence comme ceux des transports en commun en site propre.
Deux exemples simples :
1/ qui peut me dire le nom du responsable politique en charge du ramassage des ordures ménagères à Marseille ?
2/ qui peut me dire qui est politiquement responsable du développement des transports en site propre dans l'aire métropolitaine ?
Dans les deux cas, il n'y en a pas. Cela montre que la communauté urbaine a affaibli la gouvernance interne à Marseille sans lui donner les moyens d'en exercer une à l'échelle pertinente. C'est donc un leurre que de penser réduire le débat comme c'est le cas actuellement. Disons les choses simplement : le statut de métropole n'apportera à Marseille aucuns des moyens ni administratifs, ni techniques ni financiers dont elle a besoin pour assumer son rôle de métropole. Le débat gaudino-guérinien ne nous intéresse donc pas.

3/ Il se dessine un paysage où l'on rajoute une couche de compétence, le pole métropolitain, non élu par les citoyens. Est-ce une bonne voie ? Comment faire ?
>Penser la démocratie locale en généralisant les instances élues au suffrage universel indirect est une formidable régression démocratique. Il faut dire la vérité et répéter des évidences : Marseille est une métropole à elle toute seule et n'a pas besoin pour accéder à ce statut de 17 petites communes avec lesquelles nous ne ferons jamais rien de grand.
La seule solution est de rendre la gestion de Marseille aux seuls élus marseillais issus du suffrage universel direct, et dans le même temps d'imposer par la loi la création d'une structure élue avec Aix, Aubagne et les rives de l'étang de Berre ayant en charge immédiate de réaliser les infrastructures de transports en commun en site propre dignes de l'aire métropolitaine et répondant rapidement aux besoins criants des populations actuellement entravées. Tout le reste relève de la politique politicienne et favorisera les petits arrangements entre amis. Il n'en sortira structurellement rien de bon.

4/ La réforme suscite des débats. Les grands élus se sont emparés à l'unanimité de l'idée du Pole métropolitain. Qu'en pensez-vous ?
Albert Einstein disait qu'il ne fallait pas compter sur ceux qui ont créé des problèmes pour les résoudre. Dans notre cas, comment s'étonner que ceux qui vivent et prospèrent de la pérennité des problèmes cherchent une solution à ceux-ci ? "Pourquoi changer ce qui me fait exister ?". C'est là une question bien normale que peuvent se poser ces "grands élus" et à laquelle on peut sans trop de difficulté imaginer la réponse. L'erreur est donc de laisser le dernier mot aux représentants du statu quo.
Au demeurant s'agissant de l'organisation territoriale de la France c'est une tradition ancienne. L'Ancien Régime est mort de la résistance des structures intermédiaires qui refusèrent toutes les réformes pourtant indispensables. Le premier acte de la Révolution fut de toutes les dissoudre et d'affirmer la République "une et indivisible".
Sans attendre que l'enlisement sur la pente duquel nous sommes ne dégénère, il est donc nécessaire que l'on sorte du débat entre "grands élus" et que s'expriment les citoyens et les institutions qui partagent ce diagnostic. à cet égard la Convention Citoyenne salue les contributions de la Chambre de Commerce et d'Industrie et celle du président du Conseil de développement communautaire. C'est tous ensemble que nous devrions faire entendre une autre voix réfléchie, pragmatique et soucieuse du seul intérêt général.

5/ De nombreuses associations sont inquiètes du fait que les compétences deviendraient exclusives et qu'une structure soutenue par la région ne pourrait plus l'être par le département ou par la ville ne pourrait plus l'être par une communauté d'agglo ou métropole. Les tours de table complexes du monde associatif mais parfois salutaires en cas de blocages politiques sont-ils condamnables ?
Laissons les condamnations aux juges qui ont déjà beaucoup de travail. Il s'agit là d'un autre débat et il serait périlleux de tout mélanger. D'ailleurs le gouvernement a reculé et les échéances en la matière sont plus lointaines. Utilisons donc ce temps pour écouter et réfléchir. C'est vrai que si la loi décidait que les compétences attribuées à chaque collectivité territoriale étaient des compétences exclusives, cela mettrait fin à des situations ridicules où le clientélisme trouve des champs d'application sans cesse renouvelés.
Inversement cela laisserait les associations face à une seule structure dont le comportement clientéliste serait alors sans échappatoire. Cela parait donc mauvais dans les deux cas. Mais si on s'attaquait réellement au clientélisme au lieu de s'y adapter ? C'est là le vrai débat qu'il faudrait mener en amont.


 
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