Convention citoyenne
Philippe San Marco sur
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Conseil municipal du 21 mars 2005
Déclaration de politique générale à l'occasion du vote du budget

Les élus de la Convention citoyenne souhaitent qu’au-delà des contingences politiques légitimes, les citoyens voient que l’on trouve des solutions concrètes à leurs problèmes

Philippe SANMARCO.- Monsieur le Maire, mes chers collègues, comme nous le faisons depuis le début de cette Municipalité, le groupe des élus de la Convention citoyenne s’abstiendra sur le budget. Nous ne faisons pas partie de la majorité, nous n’y exerçons aucune responsabilité, cela est clair. Nous soutenons ce qui nous parait aller dans le bon sens et nous dénonçons ce qui nous semble mauvais. Mais nous ne pensons pas conforme à ce qu’attendent de nous les citoyens de nous opposer à vous par principe. Or le vote du budget est bien une décision de principe. À ce sujet, nous pensons que lorsque des groupes votent contre un budget, ils doivent en tirer les conséquences en démissionnant des postes qu’ils occupent dans l’exécutif. C’est la base de la démocratie. Nous aurons l’occasion de vérifier, sans illusion, cette leçon de civisme élémentaire dans quelques jours à la communauté urbaine…
Pour autant, comme nous le faisons chaque année, nous essayons, sans jouer aux donneurs de leçons ni aux imprécateurs, mais avec lucidité et ambition pour notre ville, d’être utiles à nos concitoyens en formulant un certain nombre de propositions d’ordre général qu’il vous appartient ou non de retenir.

Le premier souhait que nous formulons et celui de veiller à ce que dans l’action de la Municipalité vous restiez cohérent. Je voudrais illustrer cette exigence de deux manières opposées.
1- Il vous appartient bien évidemment, de par le magistère particulier qui est celui du Maire de Marseille, de participer aux grandes actions régionales au sein desquelles notre ville a toute sa place et doit exercer sa part des responsabilités. Nous avons vu, et nous nous en félicitons, la position que vous avez prise sur le dossier de la LGV. C’est un dossier essentiel pour l’avenir de Marseille. Il est évident qu’il ne faut nous opposer ni aux Niçois ni aux Toulonnais, mais il est essentiel que cette ligne passe par Marseille, plus précisément par La Blancarde.
Il est très important également que vous ayez pu être lauréat dans la mise en compétition de quelques grandes agglomérations, avec le dossier que vous avez bâti rassemblant Aix et Marseille.
De la même manière, nous souhaiterions qu’une voix marseillaise s’exprime sur le dossier ITER. Voilà un dossier gigantesque qui implique les collectivités locales mais sans que, jusqu’à présent, l’implication de celles-ci soit visible pour les citoyens alors qu’il va se passer des choses extrêmement concrètes. Nous pensons que d’une manière ou d’une autre vous devriez faire entendre la voix des Marseillais sur ce sujet majeur.
2- Mais une deuxième remarque dans ce souci de rester cohérent, je me permets d’y insister parce que c’est un mal qui est très ancien dans notre ville, à trait à l’exigence de finir ce qui a été engagé.
Prenons l’exemple de la L 2 : je vois que vous inaugurez des tunnels et autres investissements coûteux destinés aux automobilistes. Nous considérons que tout investissement de ce type devrait être dans notre ville, compte tenu de nos finances, réservé à la L 2 exclusivement afin d’en finir avec ce chantier.
Je voudrais vous donner un autre exemple de dossier où l’on ne sent pas une fermeté éclatante, je veux parler d’Euromed. Il n’y a pas de vache sacrée ni de personne taboue dans cette ville, alors au moins dans ce Conseil municipal, peut-on s’interroger sur l’action de la Direction du Port Autonome, qui vraiment, dans cette affaire comme dans beaucoup d’autres, est très autonome par rapport à tout le monde. Car au fond, c’est la Direction du Port Autonome qui vous a amené à la faute majeure lors de la Coupe de l’America en proposant ce projet invraisemblable de doublement de la longueur de la digue des Catalans et en balayant d’un revers de la main tous les investissements publics ou privés qui étaient prévus sur le J 4, sans parler du scandaleux projet d’avant-port.
Ces incroyables propositions, en rupture totale avec vos projets en cours sur le site, et dans une économie monde où chacun regarde ce qui se passe chez le voisin fut-il très lointain, ces propositions intempestives ont fait comprendre aux investisseurs publics et privés, français et étrangers, que dans cette ville, au gré des humeurs, de grands engagements pouvaient brutalement être remis en cause. La Direction du Port vous a rendu là un mauvais service, contrairement à ce que vous avez pu penser à l’époque. Il est par exemple probable que les responsables de l’État en charge du projet de Musée ont trouvé dans ces revirements une bonne occasion d’abandonner ce dossier.
On a vu également que la Direction du Port Autonome n’assume pas l’ensemble des responsabilités urbanistiques qui étaient les siennes au début de l’opération Euroméditerranée et que, pour autant, elle empoche les bénéfices des opérations commerciales qu’elle ne se gêne pas de promouvoir. Sans parler de ce qui a fait le titre d’un article de presse d’un journal national très récemment : "L’engagement de la Direction du Port Autonome est un règlement de comptes personnel avec la CGT". On pense ce que l’on en veut des uns et des autres dans la situation du port mais l’attitude de la direction du port a pris une telle tournure qu’il a fallu l’intervention du Président du Conseil d’Administration et la protestation du Président de l’Union Maritime et Fluviale auprès du Préfet pour ramener cette direction a sa place. Tout cela fait désordre et la voix du Maire de Marseille devrait se faire entendre.

Le deuxième souhait sur lequel nous souhaitons appeler votre attention, Monsieur le Maire, concerne deux domaines très difficiles et sur lesquels il faut avoir du courage, l’un sur lequel vous êtes actif et un autre sur lequel, pour des raisons que j’ignore, vous continuez d’être absent.
1- Le premier a trait aux transports en commun. Dans Marseille, les choses sont ce qu’elles sont, vous avez lancé ce projet de tramway : il est décidé, je n’y reviens pas. Mais cet investissement si coûteux n’a de sens que s’il remet en cause les habitudes : les milliers de personnes qui avaient l’habitude de venir dans le centre-ville doivent êtres dissuadés d’y venir en automobile, c’est le fondement de l’établissement du stationnement payant. Bien sûr, je l’ai déjà indiqué ici, les résidents du centre-ville ne doivent pas être traités de la même manière et doivent bénéficier d’une tarification spécifique. Nous avons fait des propositions concrètes en ce sens et nous assumons sereinement les conséquences de nos choix. Il est pourtant facile de faire de la démagogie en la matière, certains y excellent, mais les faits sont têtus et nos concitoyens sanctionneront ceux qui les auront pris pour des imbéciles.
À cet égard, l’argument selon lequel le tramway est beau est totalement sans intérêt. Que le tramway soit beau ou non, cela n’a pas d’importance, dans dix ans les modes auront changé. Par contre, est-ce que les Marseillais vont changer leurs habitudes ? C’est cela qui est important ! Et naturellement, compte tenu du chaos actuel, le rétablissement de la discipline est indispensable : je souhaite que vous teniez bon sur les sanctions qu’imposent une vraie priorité aux transports en commun et un réel respect des espaces publics aujourd’hui saccagés.
Le tramway, certes ! Mais, Monsieur le Maire, dans Marseille, pour les transports en commun, j’insiste, il n’y a pas que le tramway ! Pire, si vous attendez tout du tramway, vous irez encore au-devant de déceptions, surtout compte tenu des trajets que vous avez choisis pour celui-ci. C’est pourquoi j’insiste à nouveau pour que la circulation des bus soit favorisée, surtout là où justement il n’y aura pas de tramway, pour permettre à ceux qui ne pourront pas rejoindre le centre de Marseille par un tramway, de le faire en bus bénéficiant de couloirs plus longs et réellement protégés. Un service d’autobus confortable : aujourd’hui il est franchement difficile de tenir debout dans un bus. Un service qui indique au moins l’heure de passage, au lieu d’être dissuasif comme il l’est actuellement en laissant les gens sans aucune information sur le prochain passage.
En dehors du tramway et des bus, Monsieur le Maire, vous pouvez parfaitement prendre l’initiative d’un plan d’agglomération de covoiturage au sein des écoles, au sein des entreprises, au sein des administrations, pour demander à chacun, pour inciter, pour favoriser, pour récompenser, pour financer le fait que les personnes cessent de prendre leur voiture chacun pour soi et se regroupent par deux, trois ou quatre, pour aller dans un même lieu le matin et rentrer le soir.
Hors de Marseille, j’ai vu avec plaisir le Président du Conseil Régional relancer récemment le financement du doublement de la liaison Aix-Marseille : souhaitons que ce soit le cas car, dans cette affaire, la SNCF continue de traîner les pieds. Mais je signale qu’il s’agit là d’un doublement partiel et je ne vois pas à quoi sert un doublement partiel pour créer une ligne de TER intensive. Tant que le doublement ne sera pas total, il y aura forcément à un moment donné un arrêt. Le projet actuel qui a tant de mal à démarrer n’est donc toujours pas à la hauteur des enjeux.
2- Monsieur le Maire, le deuxième domaine sur lequel je souhaiterais attirer votre attention et pour lequel, pour des raisons que j’ignore, vous n’avez pas encore pris d’initiative, est celui de la lutte contre le réchauffement climatique. Je vous avais fait une proposition concrète, il y a déjà bientôt deux ans. Vous n’avez pas réagi. Je crois qu’il est très important que les Marseillais comprennent qu’il s’agit là de quelque chose de sérieux et de grave, et que l’essentiel de l’émission des gaz à effet de serre provient soit des automobiles, soit des logements, c’est-à-dire deux politiques qui relèvent, sur l’ensemble de la planète, des collectivités locales. Il est donc très important que vous preniez une initiative afin d’inscrire Marseille comme un des acteurs, dans le monde, de la lutte contre les émissions de gaz. La proposition détaillée que je vous avais faite reste opérationnelle et pertinente. Je ne comprends que vous n’y répondiez même pas.

Troisième et dernière grande direction que nous nous souhaitons aborder à l’occasion de ce débat budgétaire, celle qui vise à éviter toutes les déchirures liées aux grandes inégalités qui existent dans notre ville. À cet égard, je voudrais parler de deux domaines en particulier.
D’abord celui du logement social.
Monsieur le Maire, nous avons noté une certaine évolution de votre discours en la matière, que ce soit lors de l’assemblée générale des Comités d’Intérêt de Quartier, où vous aviez indiqué qu’il serait peut-être temps de corriger la politique menée jusque-là ou que ce soit sur le dossier de la rue de la République, sur lequel je maintiens que de notre côté nous n’avons strictement aucun reproche à faire à la Municipalité et que nous espérons bien que vous serez entendu, ce qui ne signifie pas qu’il faille baisser la garde. Je signale à cet égard que s’il n’y avait pas eu la mobilisation du monde associatif, la clarification à laquelle nous sommes arrivés n’aurait pas eu lieu. Mais certains ont toujours du mal à jouer le jeu : je vous signale Monsieur le Maire parce qu’il est encore temps d’arranger les choses, que « centre ville pour tous » fait une réunion mercredi prochain, dans la foulée de ce qui a été décidé, et Marseille République, à l’évidence, renâcle à donner les informations qui sont nécessaires et faute desquelles, naturellement, tout ceci va dégénérer en une médiocre opération politicienne où l’on retrouvera, comme pour le stationnement payant, les mêmes démagogues.
Mais malgré ces évolutions positives, je vous le redis en conscience, les chiffres dérisoires de la production de logements sociaux neufs pour les familles dans Marseille restent préoccupants. En 2001, 152 ; en 2002, 235 ; en 2003, 89 ; en 2004, 49, face à 15 000 demandes insatisfaites. Je n’ai pas d’autres informations que celles officielles de la DDE : il y a là quelque chose sur lequel vous devez vous pencher et ne pas limiter votre action au logement intermédiaire.
Deuxième volet dans la lutte contre les déchirures, c’est l’éducation des jeunes Marseillais. Tahar RAHMANI l’a très fortement rappelé tout à l’heure, je n’y reviens donc pas. Certains jeunes des quartiers utilisent 400 mots pour s’exprimer, dont, mes chers collègues, nous ne comprenons pas la moitié et dont un quart n’est compris que dans une ou deux cités. C’est-à-dire que ces jeunes sont enfermés dans une extrême pauvreté de langage, ce qui leur interdit évidemment toute insertion et les conduit à la frustration et à la violence.
Profitant de la présence du Professeur MATTEI dont j’ai beaucoup apprécié les propos tout à l’heure, je voudrais rappeler que, dans cette affaire d’éducation, il faut tenir les deux bouts de la chaîne, à la fois ces jeunes en difficulté mais également le monde universitaire. Il l’a très bien dit : il n’y a pas de politique économique durable sans un monde universitaire fort. Et tant que nous constaterons que la proportion d’étudiants dans Marseille est à ce point en dessous de ce qu’elle est dans toutes les grandes autres métropoles, cela signifie que nous continuons d’assister à une fuite des cerveaux qui nous est si préjudiciable.
Pour conclure, Monsieur le Maire, tout ne dépend pas de vous. La première page de La Provence, ce matin, montre la gravité de la situation économique, qui continue d’être extrêmement préoccupante dans notre ville. Raison de plus pour que tous ensemble – les élections sont derrière nous et pour celles qui sont devant nous, nous avons le temps – nous travaillons pour faire émerger des solutions communes. Or, nous assistons de plus en plus à un empilement, à un émiettement des institutions et maintenant, depuis quelques semaines, pour des raisons que l’on comprend et qui ne sont pas nécessairement honorables, à une crispation entre les collectivités.
De tout ce fatras institutionnel qui nous rappelle la France de 1788, vous n’êtes pas responsable. Et il y a bien évidemment des majorités politiques diverses d’une institution à l’autre. Nous en appelons d’autant plus à la responsabilité des uns et des autres pour que des positions communes soient élaborées et pour que rien ne soit fait qui déchire des outils qui existent. Je souhaite par exemple que le Ministère de l’Équipement refuse de laisser exploser l’établissement foncier régional, alors que c’est un bon outil qui impose à des collectivités de couleurs politiques différentes de pouvoir travailler ensemble. Bref, les élus de la Convention citoyenne souhaitent qu’au-delà des contingences politiques légitimes, les citoyens voient que l’on trouve des solutions concrètes à leurs problèmes. C’est le sens de leur action, ici et ailleurs.

Merci de votre attention.

La suite du CM du 21 mars 2005 : "Pour un Institut du monde arabe à Marseille"

   
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L'augmentation de la dette est la conséquence d'une progression non maîtrisée des dépenses de fonctionnement et singulièrement, des dépenses de personnel.
Conseil d'arrondissements de Marseille du 9/11/2006 -  Claude Grillet
• Création de la ZAC Flammarion.
• Modifications PLU.
Conseil 1er arrondissements de Marseille du15 juin 2006, Claude Grillet :Zac Bourse
Conseil de la CUMPM du 13/02/2006 , Philippe Sanmarco : La RTM, otage du chaos automobile
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Conseil du 1er arrondissements de Marseille du 29/09/2005, Claude Grillet : Un acharnement contre les Flots Bleus (suite).
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