Une inquiétude légitime pour l'école Supérieure des Beaux-arts de Marseille (Esbam)

Depuis quelques années, tous les établissements d'enseignement supérieur d'Europe savent qu'ils doivent harmoniser leurs statuts, se transformer et se regrouper en établissements Publics de Coopération Culturelle.
Pour l'Esbam cela imposait une mobilisation de tous les enseignants afin de se projeter dans l'avenir autour d'un projet ambitieux et de parler avec les autres écoles de la région afin de mutualiser les moyens au profit d'un renforcement collectif.
Constatant une totale inertie, j'ai lancé en novembre 2010 un premier signal d'alarme.
C'est ainsi que, sans projet défini dans son contenu, la Mairie de Marseille vient de voter le 7 février 2011 une délibération visant à approuver les statuts de la nouvelle structure juridique.
Passons sur le fait qu'une délibération identique avait déjà été votée dans la précipitation en décembre dernier incluant Avignon. Entre temps on s'est aperçu que cette dernière commune refusait d'être associée à Marseille. Il a donc fallu revoter en urgence un dispositif liant désormais seulement l'état et Marseille. On perçoit ainsi déjà le désordre qui entoure le traitement d'un enjeu culturel aussi important. Mais surtout un pôle se constitue ainsi sans Aix, Toulon, etc. : une fois de plus on ne parlera même pas de la structuration de l'aire métropolitaine.
Par contre cette délibération pose déjà un problème de représentativité numérique du personnel. Il est d'ailleurs possible qu'un recours ait lieu sur ce point.
Surtout, il va falloir que chacun des membres du personnel soit affecté d'ici l'été prochain : certains vont retourner à la ville, d'autres vont rejoindre cette nouvelle structure, et certains contractuels peuvent à cette occasion être remerciés. L'inquiétude de l'ensemble du personnel est donc grande et elle est légitime.
En soi l'exercice est compliqué. Mais à l'Esbam il l'est encore plus car il y manque l'impulsion nécessaire en dehors de quelques manœuvres dilatoires et opaques. Aucun projet d'ensemble n'a été élaboré et la mairie s'est accommodé de petits arrangements, comme pour les bibliothèques et les musées.
La délibération votée par le Conseil municipal aujourd'hui ne va donc rien régler mais au contraire des mois d'incertitude et de manœuvres diverses vont commencer. Il est profondément regrettable qu'un outil essentiel du rayonnement de Marseille soit ainsi sans pilotage ambitieux, livré à de petites combines.
Il est plus que temps que la Mairie de Marseille réponde aux inquiétudes légitimes qu'exprime l'ensemble des personnels enseignants, administratifs et techniques de l'école dans le communiqué qu'ils diffusent par voie de presse faute de se faire entendre normalement.
Il est plus que temps qu'au-delà des procédures administratives, un grand projet rassemble l'ensemble des personnels, grand projet qui seul garantira la poursuite du rayonnement de l'Esbam.